Le Chablais est souvent décrit comme une région au relief complexe mais pas sévère. En clair, cela signifie ambiance sauvage et relief tourmenté mais adouci par une altitude moyenne. Grâce à un enneigement généreux le Chablais se prête particulièrement bien au ski alpinisme et ceci d'autant plus que ses trois profondes vallées associées à un vaste réseau de routes et de chemins forestiers permettent un accès aisé à la majorité des courses. Sa position géographique favorable lui permet d'offrir, d'un tour de tête, une vue imprenable sur les Alpes Vaudoises, les deux massifs colossaux du Mont-blanc et du Valais tout en gardant un œil sur cette petite mer intérieure qu'est le Léman.

Le tableau serait parfait si de grandes parties du massif n'étaient en quelque sorte sinistrées, amplement rongées par une épizootie nommée interconnexion. Certains secteurs sont définitivement perdus à la cause du ski alpinisme, le risque de choc frontal avec un pylône y étant largement plus important que celui des avalanches. Heureusement, d'autres secteurs, par, inadvertance économique, sursaut écologiste et surtout classement de dernière minute, ont échappé à la gangrène de l'or blanc et restent largement disponibles aux phantasmes du skieur alpinismus.

Parmi les secteurs perdus sans guérison possible, on trouve, en tête de podium, le vaste et vorace ensemble d'Avoriaz et de Châtel, cœur des Portes du Soleil, qui part des crêtes des Hauts Forts et remonte jusqu'à Châtel en envahissant au passage les pointes frontalières de Chésery et de la Tête du Géant. La Pointe de la Vorlaz, au milieu, a été épargnée et reste accessible hors saison en longeant des remontées alors devenues fantômes. Le fond de la vallée de la Manche a apparemment échappé à un sacrifice dément : espérons que les projets fous du passé sont définitivement enterrés. Plus à l'Ouest, Morzine-Nyons et leur associé des Gets se sont approprié quelques collines moins importantes pour le ski libre mais aussi des pentes croustillantes comme la face Nord-Ouest d'Angolon. Mais, restons vigilants. Elles n'ont pas dit leur dernier mot et rêvent de coloniser de nouvelles pentes comme les vallons des Jorats (col Ratti) ou des Forons. Restent les stations de moindre importance qui, presque plus raisonnables ou, surtout, en limite de rentabilité et d'enneigement (ce qui va souvent de pair) se limitent à quelques belles pentes en laissant non domestiqués de beaux ensembles skiables.  Le Praz de Lys et la petite station de la Chèvrerie en sont l'exemple : une extension limitée des pistes qui laisse intacte la chaîne Haute-Pointe / Chavasse / Chalune. (suite...)

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