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L'enneigement quelque peu irrégulier de ces dernières années a contribué à freiner les ardeurs des frénétiques du câble. Mais que viennent, de nouveau, trois années consécutives de fort enneigement, et il y fort à parier que le naturel des équipementiers, des obsédés du kilomètre de piste,
reprendra le dessus et, par la même occasion, la nature le dessous. Le manque de neige à basse altitude est peut-être cruel pour la semelle de nos skis mais, au moins, il permet d'avoir une paix relative.
Pour autant, il n'est pas question de sombrer dans l'écologisme étroit et inutilement intégriste. Ces stations, gênantes pour ce qu'il faut bien appeler une "minorité de skieurs libres", ont quand même été une aubaine pour des économies locales fatiguées voire moribondes. J'y ai traîné
mes spatules, pendant des années, jusqu'à la dernière rotation de téléski de la journée sans même me douter qu'un jour mes peaux seraient un jour mon téléski perso privé à moi. De ces années mécaniques, je garde la conviction que le ski de randonnée abordé sans, au préalable, quelques longues saisons de piste, ne donne que
des skieurs incomplets et privés d'une technique permettant d'envisager autre chose que les voies normales ou les grandes classiques. Tout est, une fois de plus, question d'équilibre : des stations, il en faut (et pas seulement chez les autres), à condition que les zones les plus belles et les plus larges restent sans ferraille. Ce
juste équilibre est outrageusement rompu dans le Chablais, région qui, dans l'hexagone, est montrée de tous les doigts et de tous les orteils comme le mauvais exemple à ne pas suivre. Donc "pas touche" aux "beaux" restes que l'on a daigné nous laisser.
La neige, cependant, reste bien présente, même si certaines courses avec des départs trop "ras des pâquerettes" ne sont plus faisables que pendant quelques brèves périodes que l'on qualifie maintenant
d'exceptionnelles. Lorsqu'on parcourt les massifs voisins, du Valais à Belledonne on se rend compte que le Chablais est pas mal gâté question neige, malgré son altitude grotesque en comparaison des mastodontes qui le bordent et malgré quelques coups de fœhn félons. On y skie sans problème jusqu'à fin avril et les plus hauts
sommets restent praticables en mai.
La dent d'Oche en hiver par le couloir du Pierrier, se goutte avec gourmandise. Sinon, le Roc
du Château d'Oche, peu fréquenté, un peu moins dur, mais surtout beaucoup mieux enneigé offre une superbe descente par neige transformée.