Topo - Région Val d'Abondance - Secteur Chauffé Grande Raille
  
 
 
La grande dalle de la Raille, et non pas la dalle de la Raie comme on le trouve parfois écrit, est bien visible depuis une section bien dégagée du large chemin qui monte au chalet du même nom. Son accès est rapide mais éprouvant car très mal tracé à travers des zones d’éboulis suivis de pentes d’herbes raides. Les escalades y sont sportives, sauf pour la plus ancienne, Camille, dont la difficulté est plus abordable. Le rocher très compact mais très adhérent et largement pourvu en micro-structures, impose une grimpe très technique mais dans l’ensemble peu athlétique. Hormis pour de « Charybde en Scylla », l'équipement des voies est très bon et fiable, bien qu'exigeant et nécessitant souvent de la détermination. L’ensoleillement plus que généreux de la paroi rend ce secteur infréquentable pendant les périodes les plus chaudes de l'été, mais en contrepartie, il autorise la grimpe pendant presque tout le reste de l’année, même quand les vallées tremblotent dans le froid. Niveau des voies oblige, ce secteur, bien moins fréquenté que son voisin de la Petite Raille, vous assurera toute la tranquillité requise pour vous concentrer sur vos grattons. Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses intérêts, le panorama des lieux,  bien dégagé et plongeant sur la vallée d'Abondance, est plutôt génial avec une toile de fond imprenable sur le Mont de Grange et les Dents du Midi.

Pendant l'été 1975, Patrick Delale et Jean-Louis Urquizar de son œil averti inaugure la belle dalle de la Raille avec une voie tracée dans le dièdre qui la borde sur sa partie gauche. Puis pendant plus de dix ans, nada, plus rien. Pourtant elle est bien visible cette dalle, perchée au-dessus du large chemin qui mène aux chalets de la Raille. La formidable compacité du rocher, rendant illusoire toute protection à l’aide de coinceurs et de pitons est certainement la cause de ce manque d’intérêt. La perceuse, qui comme chacun le sait, adore le rocher compact, allait mettre fin à ce regrettable mépris. A l’automne 88, nous montons avec Laurent au pied de la dalle, pour mesurer les perspectives d’ouverture. Et là, sublime surprise, le caillou s’avère fantastique, propre, travaillé et surtout, incroyablement adhérent. Tout excités par une pareille aubaine, nous nous lançons sans tarder dans l’ouverture, du bas, d’une première voie. Nous commençons par «Hématome», ligne évidente et qui suit, dans sa deuxième longueur, une fissure oblique qui semble propice à la pose de bonnes protections, ce qui nous rassure! Malgré quelques vertueuses frayeurs, et notamment un plomb dantesque lors de l’ouverture de la première longueur d’«Hématome», nous affinons notre technique de pose de gollots en milieu hostilement compact. Plus aguerris, nous enchaînons, en décembre et janvier, aidés par un hiver incroyablement sec, par les ouvertures de «Camille» et de «Tchao-Sescu». Mais, notre perceuse mal mousquetonnée fait un caprice et s’essaie sans succès au vol libre en explosant pitoyablement sur le socle rocheux, mettant ainsi temporairement terme à l’exploration de la paroi. Nous repassons à l’action au printemps 1990, pour ouvrir  De «Charybde en Scylla», voie très typée terrain d’aventure, située sur l’extrémité droite de la paroi. Enfin, en mai de cette même année, plus confiant dans notre maîtrise de l’équilibre sur crochets du ciel, nous entreprenons la difficile «Incertitude» au centre de la dalle, avec néanmoins un gros doute sur la possibilité de pouvoir passer en libre. Un stupide accident d'escalade rend l'ouverture de voie hors de ma portée pour longtemps et nous laissons la voie inachevée pendant plusieurs années. Pendant ce temps, Thierry Perillat et Claude Sanchez en ballade dans la région en profitent pour s'offrir, juste sur la gauche d’«Incertitude», l’excellentissime «Ubac» et sur la partie droite de la dalle, la très belle «Bacounet». Ce n’est que quatre ans plus tard que nous mettons fin au doute en achevant «Incertitude» par deux longueurs passant sans point d’aide mais difficiles techniquement et nerveusement.

Je suis mal! Le dernier spit est loin derrière moi, décalé sur la droite avec la perceuse accrochée dessus. Il ne me reste pas plus de 30 centimètres à faire sur la gauche pour atteindre cette réglette. Là, je pourrais poser un crochet et tirer la chignole. Seulement voilà, je ne trouve pas la solution et ça fait un moment que je la cherche. Résultat, je transpire un max, je suis moite, même mes semelles sont moites. Redescendre, je n'y pense même pas. Laurent, en dessous, qui tout en baillant, flaire le grabuge, me lance un dérisoire « calme, calme ». Bon, au moins il ne dort pas. Je coule de plus en plus des semelles et me lance dans un mouvement qui, je le sais, ne va pas réussir. Comme prévu, ça ne réussit pas du tout et je fonce vers la chignole. Je dépasse la chignole. Je sais que ça va faire mal. Et ça fait mal. Je roule deux ou trois fois sur moi-même et à chaque fois le hérisson de plaquettes et de goujons que j'ai accroché avec application sur mon baud me laboure fesse et cuisse. Quand je m'arrête je suis sûr d'avoir le fessier déchiqueté. Le docteur Dezu ne diagnostique qu'une vague grosse rougeur. Il ponctue son auscultation rapide d'un « c'est bon tu peux y retourner ». Les jours suivants, la vague rougeur s'est transformée en un hématome géant. Le nom de la voie était trouvé.
 EN BREF -  INFORMATIONS SUR LE SECTEUR En savoir plus...
Intérêt secteur : Beauté secteur : Orientation : Sud Altitude : 1550 m
Temps approche : 30 mn  Période : Avril à décembre Enfants : Dangereux Pluie : Sèche vite, peu de résurgences
Soleil en été : 9h-17h Equipement : Spits Ø10 Style escalade : Couché & raide Pour qui : Avancé/Expert
Voies/longueurs : 7 / 24 Difficultés : 6b à 7a+ Dénivellations : 35 à 140 m Carte : I.G.N. 3528 ET - Morzine
DESCRIPTION DES VOIES DU SECTEUR
  
?            Nom de la voie            Cotation Max Orient. Hauteur Obligé          Équipement                   Matériel           Desc. Type Q. équip. Intérêt
  • [18]
TD sup 6b+ Sud
  • 90m
6a
Ouvreurs: Laurent Desuzinge / Yves Plassat / Wahil Saïd, les 2 et 10 décembre 1989/ Ouverture du bas
Description: Joli cocktail de fissures, dièdres, dalles, tout cela baignant dans de l'excellent rocher. La dernière longueur fait quasiment 50 m. C'est la voie la plus abordable de la face et donc la plus parcourue.
Octobre 2003 : changement de toutes les plaquettes de la voie (pas de point supplémentaire) et relais R2 et R3 rééquipés sur chaînes. Nettoyage complet de la voie.
Cotations: L1: 6a / L2: 6a+ / L3: 6b+
Descente: En deux rappels : dans la voie puis depuis le R2 d'Incertitude (attention, corde de 50 m).
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Nombre : 7 Dernier : 02 novembre 2016   19:54  Voir les commentaires Faire un commentaire

  • [15]
ED 7a Sud
  • 90m
6b
Ouvreurs: Thierry Périllat / Claude Sanchez, le 24 juillet 1990 / Ouverture du bas
Description: Splendide voie soutenue en dalle dont nombre de passages font rôtir dans les chaussons. Ne pas hésiter à naviguer autour des points pour trouver la solution, surtout dans la troisième longueur. Rééquipement de R2 (2 gollots en remplacement des sangles) et de R4 (déplacé d'un mètre sur la gauche et chaîne) en octobre 2003.
Certains passages de la voie demandent de la « détermination » : une marge dans le niveau est nécessaire pour se faire (un très grand) plaisir dans cette voie exceptionnelle.
Cotations: L1: 6c / L2: 6c / L3: 7a / L4: 6c
Descente: En deux rappel : dans la voie puis dans « Incertitude » (attention, corde de 50 m).
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Nombre : 21 Dernier : 02 novembre 2016   19:50  Voir les commentaires Faire un commentaire

  • [17]
ED sup 7a+ Sud
  • 90m
6c
Ouvreurs: Laurent Desuzinge / Daniel Moille / Wahil Saïd, le 1er mai 1990 pour la première longueur
Laurent Desuzinge / Wahil Said, le 11 novembre 1994 pour les longueurs suivantes
Ouverture du bas
Description: Une première longueur dans une dalle entrecoupée de salvatrices écailles et puis ça rejoint un dièdre perdu au milieu de la dalle. Ensuite, ne pas laisser refroidir les chaussons! Dur, engagé (surtout dans la deuxième) mais splendide.
Tout comme pour sa voisine Ubac, certains passages de la voie demandent de la « détermination » : une marge dans le niveau est nécessaire pour se faire (un très grand) plaisir dans cette voie exceptionnelle.
Cotations: L1: 6c / L2: 7a+ / L3: 7a+
Descente: En deux rappel dans la voie (attention, corde de 50 m).
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  • [2]
ED inf 6c Sud
  • 35m
6a
Ouvreurs: Laurent Desuzinge / Wahil Saïd, le 13 janvier 1989 / Ouverture du bas
Description: Intéressante longueur avec un départ finaud, un petit bombé broute doigts et surtout un sérieux pas de friction à la sortie.
Cotations: L1: 6c
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  • [7]
ED inf 6c+ Sud
  • 100m
6c
Ouvreurs: Laurent Desuzinge / Wahil Saïd, les 27 et 28 octobre 1988 / Ouverture du bas
Description: Première longueur exceptionnelle où les nerfs sont à la fête. La traversée finale de la première longueur est plus facile à négocier en tête qu'en second. En effet, en tête, dans la succession de pas d'adhérence plutôt aléatoires de la fin de longueur, le simple tirage sur la corde suffit à donner un salvateur point d'appui supplémentaire. Belle grimpe, un peu lichéneuse dans la deuxième longueur.
Cotations: L1: 6c+ / L2: 6b / L3: 6b+ / L4: 5a
Descente: En deux rappels : dans « Camille » puis depuis le R2 « d'incertitude » (corde de 50 m).
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Nombre : 1 Dernier : 16 janvier 2005   21:02  Voir les commentaires Faire un commentaire

  • [8]
ED 7a Sud
  • 120m
6c
Ouvreurs: Thierry Périllat / Claude Sanchez, les 17 et 18 août 1990 / Ouverture du bas
Description: Voie inégale où alternent les passages résolument splendides et d'autres nettement moins agréables. Le bilan est cependant positif et la voie mérite d'être parcourue à l'exception de la dernière longueur qui n'est composée que d'un empilement d'énormes blocs instables. Cette longueur est absolument à éviter et devrait d'ailleurs être démontée.
Cotations: L1: 6c / L2: 6b / L3: 7a / L4: 6c
Descente: En rappel dans la voie. Prévoir des sangles et éventuellement des maillons pour renforcer les rappels.
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  • [2]
TD sup 6b Sud
  • 140m
6a
Ouvreurs: Laurent Desuzinge / Wahil Saïd, les 3 et 10 mars 1990 / Ouverture du bas
Description: Voie variée qui suit un empilement évident de dièdres, fissures et dalles. Le plus grand dénivelé du secteur. Le rocher n'est pas toujours très propre après R1. Au regard de l'équipement en place, c'est une voie orientée terrain d'aventure comme on dit dans les milieux autorisés.
Première répétition Georges Gauthier et Patrick Mégevand en avril 1990. Depuis, les parcours de la voie doivent se compter sur les doigts des deux mains! Mais il y en a eu quand même quelques-uns vu l'amoncellement de sangles et cordelettes sur le relais supérieur...
Cotations: L1: 6a / L2: 5b / L3: 6b / L4: 6a / L5: 6a
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