Partant du col de la Plagne du Mont, le Mont Chauffé forme une arête relativement rectiligne et horizontale qui se développe du sud-ouest au nord-est sur un peu plus de deux kilomètres jusqu'au sommet principal. Cette escalade typiquement chablaisienne est composée d’un mixte de passage herbeux et rocheux, ces derniers étant plutôt concentrés sur sa deuxième partie. La traversée, aérienne sur quelques sections, se déroule en permanence avec, sur le flanc droit, l’étuve de la face sud et
sur le flanc gauche, l'ambiance plutôt froide et rude de la face nord. Si vous arrivez à résister à l'appel du vide vous pourrez encore admirer plus à droite, de l'autre côté de la vallée d'Abondance, le Mont de Grange, grosse sommité pyramidale et herbeuse qui culmine sur le Chablais, totalement dénuée d'intérêt en escalade (une seule voie tracée dans la face nord-ouest appelée voie des Déménageurs, ce qui en dit long sur la qualité de son rocher), mais dont les multiples couloirs répartis sur toutes ses faces permettent d’extraordinaires descentes à ski. Sur le côté gauche, derrière le col d’Ubine et
le Pas de la Bosse, la monumentale muraille sud des Cornettes est définitivement nulle pour le ski (mis à part sur son extrême gauche, le couloir du Saix Rouquin), mais excellentissime pour la grimpe.
La course, facile, est néanmoins relativement longue et impose soit de partir tôt, soit de savoir maintenir un horaire afin d’éviter une sortie nocturne voire un bivouac forcé (comme cela arrive souvent !), notamment à l’automne lorsque les journées sont plus courtes. Si l’on n’est pas dans les temps, il est commode et sans difficulté de faire demi tour avant le Saut du Chien. Effectuée dans de bonnes conditions, cette course, sur un sommet complètement préservé de toute
affluence et où l'on peut encore croiser quelques edelweiss, est résolument sympathique.
En hiver, dans un décor complètement différent, cette traversée est une entreprise beaucoup plus sérieuse, qui fera appel à des compétences alpines plus complètes, notamment pour le dernier tiers du parcours où l’on pourra éventuellement trouver du fil à retordre au franchissement d’importantes corniches.